Revue d'Histoire Ecclésiastique 43 (1948) pp.195-7


        G. F. DIERCKS. Q. Septimius Florens Tertullianus, De
oratione
. Critische uitgave met prolegomena, vertaling en
philologisch-exegetisch-liturgische commentaar. Bussum, Paul
Brand, 1947. In-8, civ-312 p.

        Cette thèse doctorale, présentée à la faculté de philosophie et
lettres de l'université d'Amsterdam, comprend trois parties bien
distinctes: des prolégomènes (p. v-c v) ; le texte latin avec la ver-
sion néerlandaise du De oratione de Tertullien (p. 5-49) ; un commen-
taire philologique, exégétique et liturgique (p. 51-292).

        Les prolégomènes comprennent dix chapitres. Y sont traitées, de
façon succincte et lucide, toutes les questions touchant la tradition
manuscrite, les différentes éditions et versions, la date de composi-
tion, les sources, l'influence et la nature (orale ou écrite) du traité
De oratione. Notons que l'auteur prône comme date de composition
les quatre premières années du iiie siècle. Il admet l'originalité fon-
cière du traité,encore qu'il estime probable que Tertullien ait fait son
profit du commentaire de Théophile d'Antioche sur l'oraison domini-
cale, ainsi que d'autres exégètes grecs ou latins, inconnus de nos
jours, et de la tradition catéchétique de sa ville natale. L'influence
exercée par le De oratione sur la littérature chrétienne postérieure
est examinée de façon approfondie pour la période pré-carolingienne ;
elle est, de l'avis de l'auteur, bien plus notable qu'on n'a coutume de
le croire.

        Au beau milieu des prolégomènes, on trouve un tableau analytique
du traité (chap. IV) et un tableau synoptique, accompagné de quel-
ques brèves remarques, du texte de l'oraison dominicale tel qu'il se
lit chez saint Matthieu et saint Luc, dans la Didachè, chez Tertullien
et Cyprien, dans l'Afra, l'Itala et la Vulgate et chez Augustin (chap.
V). Enfin le chap. VI examine les raisons qui ont amené Tertullien
à expliquer la troisième demande du Pater avant la deuxième. Nous
croyons que ce chapitre n'est pas à sa place dans des prolégomènes
généraux, d'autant plus que l'auteur revient sur la question dans
son commentaire et qu'il la résout en fonction des règles exégétiques
et didactiques.

        Pour établir le texte critique, on ne dispose à l'heure actuelle que
de deux manuscrits: l'Agobardinus (IXe s.) et l'Ambrosianus (XIe s.),
qui remontent eux-mêmes, d'après M. Diercks, à un archétype com-
mun. Les circonstances difficiles de l'après-guerre n'ont malheureu-
sement pas permis à l'auteur de se procurer une photocopie de l'Am-
brosianus
. Pour les leçons de ce manuscrit, il a donc dû s'en remettre
aux éditeurs antérieurs qui ont utilisé ce même manuscrit, Oehler
notamment et Reifferscheid(dans CSEL, t.XX). Ceux-ci, cependant,
se contredisent parfois quand ils citent l'Ambrosianus! En consé-
quence, M. D. ne nous donne pas encore le meilleur texte critique
du De oratione. Nous ne regrettons pourtant nullement qu'il se soit
décidé à publier son édition telle quelle, vu qu'il se propose d'éditer
l'Ambrosianus dès que les circonstances le lui permettront. La colla-
tion de ce manuscrit ne nécessitera certainement que quelques légères
retouches du texte et, en tout état de cause, le commentaire retien-
dra toute sa haute valeur scientifique.

        Dans l'apparat critique, l'éditeur a voulu nous donner une image
complète de la tradition manuscrite et des différents essais entrepris
au cours des siècles en vue de reconstituer les lacunes ou de corriger
les corruptions du texte. Nous comprenons moins bien pareille préoc-
cupation. Une fois que, pour des motifs graves, l'on a déclassé cer-
taines éditions comme dépourvues de toute valeur, il n'y a plus au-
cune utilité à en reproduire les leçons. Un autre étage de notes


donne les références scripturaires; celles-ci ont été recherchées avec
le plus grand soin. L'on sait que, sur ce point, l'édition de Reiffer-
scheid est sujette à caution.

        Quant à la version néerlandaise, elle est des mieux réussies. Elle
tente de rendre, autant que faire se peut, le style très personnel de
Tertullien, tout en donnant en note marginale la paraphrase des
passages par trop difficiles.

        Enfin le commentaire, d'une belle tenue scientifique, est rédigé
avec une érudition remarquable et constitue une riche source d'in-
formations multiples. Signalons qu'il contient six excursus sur les su-
jets suivants : une comparaison entre De oratione, 8 et De fuga, 1 et
2 ; les raisons du déplacement de la troisième demande du Pater; le
lavement des mains avant la prière; l'usage de la génuflexion durant
les réunions publiques; l'origine des heures canoniques; la façon
de prier durant les réunions publiques.

        A la fin de son étude, M. D. donne une bibliographie assez étendue
et un index fort précieux des mots latins, expliqués au cours du
commentaire. Son outrage est excellent à tous points de vue; il ré-
vèle une méthode de travail claire et sûre et témoigne d'un sens cri-
tique et philologique averti.                         P. Val. MOREL, O.F.M.Cap.

This doctoral thesis, presented at the faculty of philosophy and letters of the university of Amsterdam, includes three quite distinct parts: the prolegomena (p. v-cv); the Latin text of Tertullian's De oratione with Dutch translation (p. 5-49); a philological, exegetic and liturgical commentary (p. 51-292).

The prolegomena comprises ten chapters. In it are treated, in a brief and lucid way, all the questions concerning the manuscript tradition, the various editions and versions, the date of composition, the sources, the influence and the nature (oral or written) of the treatise De oratione. We note that the author gives the date of  composition as the first four years of the IIIrd century. He admits the basic originality of the treatise, although he considers it probable that Tertullian made profited from the commentary of Theophilus of Antioch on the Lord's Prayer, as well as others Greek or Latin exegetes, nowadays unknown, and the catechetical tradition of his birthplace. The influence exerted by De oratione on the posterior Christian literature is examined thoroughly for the pre-carolingian period; it is, in the opinion of the author, much more notable than one is used to believe.

Right in the middle of the prolegomena, one finds an analytical table of the treatise (chap. IV) and a synoptic table, accompanied by some short remarks, the text of the Lord's Prayer such as it is read in St. Matthew and St. Luke, in the Didache, in Tertullian and Cyprian, in Africa, Italy and the Vulgate and in Augustine (chap. V). Finally chap. VI examines the reasons which led Tertullian to discuss the third request of Our Father before the second. We believe that this chapter is out of  place in a general prolegomena, more especially as the author reconsiders the question in his commentary and that he solves it according to the exegetic and didactic rules.

To establish the critical text, one has at the present time only two manuscripts: Agobardinus (s.IX.) and Ambrosianus (s.XI.), which derive, according to Mr. Diercks, from a common prototype. The difficult circumstances of the post-war period unfortunately did not make it possible for the author to get a photocopy of Ambrosianus. For the readings of this manuscript, he thus had to rely on the former editors who used this same manuscript, Oehler in particular and Reifferscheid (in CSEL, vol.XX). Those, however, contradict each other sometimes when they quote Ambrosianus! Consequently, Mr. D. cannot yet give us the best critical text of De oratione. We however in no way regret that he decided to publish his edition just as it is, considering that he proposes to publish the Ambrosianus as soon as the circumstances allow him. The collation of this manuscript will require certainly only some light final improvements to the text and, in any event, the commentary will retain all its high scientific value.

In the critical apparatus, the editor wanted to give us a complete image of the manuscript tradition and various tests undertaken during centuries in order to reconstitute the gaps or to correct corruptions of the text. We understand less well a similar concern. When, for serious reasons, one has relegated certain editions as deprived of any value, there is no longer any purpose in reproducing their readings. Another stage of notes gives the scriptural references; those require the greatest care. It is known that, on this point, the edition of Reifferscheid is of doubtful validity.

As for the Dutch version, it is most successful. It  tries to give, as far as possible, the very personal style of Tertullian, while giving in marginal notes the paraphrase of those passages which are far too difficult.

Finally the commentary, of a fine scientific flavour, is written with remarkable scholarship and constitutes a rich source of many types of information. Let us announce that it contains six excursus on the following subjects: a comparison between De oratione, 8 and De fuga, 1 and 2; reasons of the displacement of the third request of Pater; the washing of the hands before prayer; the use of the genuflection during public meetings; the origin of the canonical hours; the way of praying during the public meetings.

At the end of his study, Mr. D. gives a rather wide bibliography and an extremely invaluable index of the Latin words, explained during the commentary. His work is excellent from all points of view; it reveals a clear and sure working method and testifies to an informed critical and philological direction.


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